Dans le garde-manger du Fooding, il y a…
… de la soubressade, de la pâte d’anchois, et du sel de sauterelle !
Avouez. Vous aussi, vous l’avez fait. Vous avez ausculté la vie privée alimentaire d’autrui (un·e colocataire, un·e hôte·sse, la personne dont vous nourrissiez le chat) en son absence. Ça commence par un regard qui traîne sur la quantité alarmante de graines de lin en bocal, ça ouvre le congélo l’air de rien, et ça se termine par l’inspection méthodique du tiroir à épices – qui donc a besoin d’autant de paprika, bon sang ? Simple placard à ressources quand il est à soi, curiosité à goûter quand il est aux autres, le garde-manger est un lieu de plaisirs étranges : le miroir de nos tics culinaires, un petit pays à lui seul, et l’illustration (ou l’illusion) de nos possessions.
Et puis voilà qu’au détour d’un confinement, on a retourné le dedans, et l’intimité de nos armoires est devenue publique – sur les réseaux sociaux, évidemment. Bienvenue dans la pantry era ! L’ère du garde-manger qui en a dans le buffet, comme l’ont prouvé certain·e·s raconteur·se·s du super-quotidien. En tête sans doute, le duo The Social Food, soit les photographes et DA Shirley Garrier et Mathieu Zouhairi, devenus dans la foulée de leur nouvelle renommée auteur·rice·s et concepteur·rice·s de contenus. Et dont la moindre tartine du petit déj’ s’est vite transformée en quête, pour leurs observateur·rice·s, de cette fregola sarda aperçue à l’arrière-plan, de ce miso semble-t-il si crémeux, de ces anchois qui se suffisent à eux-mêmes.
En toute logique, c’était bientôt au tour de The Social Food de vendre sa bonne came. Leur premier coup ? Une sauce piquante nommée Matshi, sold out en moins de temps qu’il ne faut pour dire « c’est chaud, ça brûle ! ». Simultanément, une marée de chef·fe·s et d’autres acteur·rice·s de la food se sont mis·es à développer, packager, promouvoir et distribuer leurs produits miracles. L’auteur le plus renommé de sa génération y a même vu l’opportunité de lancer une nouvelle collection de livres de recettes, « OTK » (pour Ottolenghi Test Kitchen), conçue dans « un drôle de bâtiment du Nord de Londres, fait pour moitié de briques et de tahini, aux murs enduits d’huile d’olive et aux sols tachés d’épices : habanero et fenugrec, piments d’Alep et citron noir ». Des produits dont on n’avait pour la plupart jamais entendu parler, et qui allaient se frayer une place parmi nos indispensables du placard. Et pour ça, il nous fallait de nouveaux dealers. L’Épicerie L’Idéal à Marseille, Superfrais à Paris, le Petit Mercado à Bruxelles, Big Night à New York. Voilà même que l’autrice de livres de recettes (et influenceuse à ses heures perdues) Alison Roman vient d’ouvrir dans l'Upstate New York un « pantry shop » – littéralement, une boutique de garde-manger. Une épicerie, si vous voulez.
Et parce que malgré tout, on ne boude pas notre plaisir de voir les commerces de bouche l’ouvrir un peu plus, j’ai demandé au Bureau du Fooding ce que chacun·e ramenait dans ses bagages et fourrait dans ses tiroirs, en prévision de jours plus courts et moins bien approvisionnés… La cinquième réponse va vous étonner !
Keep reading with a 7-day free trial
Subscribe to Saucisse to keep reading this post and get 7 days of free access to the full post archives.