Gras, deux, un… la saison est ouverte !

Cette semaine, le début de la saison du bon gras, une recette gratinée du fromagicien Pierre Coulon, une quille castée par Miléna Cugny et un bouquin qui sent gentiment des pieds à gagner.

© Elisabeth Debourse

Menton enfoncé dans la laine de l’écharpe, chien au bout de la laisse, Mick Jenkins dans les oreilles. La saison dont on parle le plus à nos psys n’avait pas paru aussi proche que ce soir-là, sous les lampadaires déjà allumés. Avant-hier encore, la moindre évocation de reblochon fondu semblait amorale, et voilà qu’on se surprend à taper « mont d’or » dans la liste de courses de son téléphone, et à inviter les potes à la première (certainement pas la dernière) raclette de l’année. L’urgence de s’aérer fait place à celle de se rentrer – vite, pénates, pantoufles, pâté et qu’on me foute la paix. 

« Il tient au corps, protège du froid et définit parfaitement ce que “satiété” veut dire, soit l’état plus ou moins proche du dégoût qu’expérimente une personne dont un désir à table est amplement satisfait », écrit le journaliste Victor Coutard dans son essai lipideux presque trop sobrement intitulé Gras. J’aime qu’il expose que plus qu’un agglomérat de molécules, une substance qui prend bien des formes, il est aussi un concept : les rockeurs, par exemple, peuvent jouer gras sans qu’aucune de leurs cordes n’ait à couper le beurre. Quant à moi, sans aller jusqu’à clamer que « le gras, c’est la vie », je dirais qu’il a quand même un peu du duvet de l’existence, dans lequel on s’enroule, l’heure et la température venues, avec des nems bien frits, gratins jolis et mijotés tradis. Surtout, ne venez pas me parler de calories et de pyramide alimentaire : je m’en bats la couenne. 

Il y a un peu de tout ça dans Saucisse, cette semaine : le mercure qui redescend, la couette qui remonte, les cous qu’on emballe, les fromages qu’on déballe. Ceux de Pierre Coulon de la Laiterie de Paris, entre autres, servis en recette à fricoter et en papier à mâcher, arrosés d’une quille choisie par Miléna Cugny et les bonnes feuilles de la presse food qui sont tout, sauf de salade. 

Elisabeth Debourse, rédactrice en chef 

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