On avait décidé de ne pas s’exprimer sur le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Collectivement, on avait estimé que notre mission quotidienne pour leur représentation et leur défense dans le monde de la cuisine prime sur un message ponctuel. Car le taf, on le fait. Et peut-être qu’en réalité, d’ailleurs, les femmes du Bureau du Fooding (80 % de sa force de travail) avaient besoin de repos – d’un jour férié, « fait rien », comme l’a institué la Moldavie.
Certains jours, pas particulièrement ce 8 mars d’ailleurs, c’est comme si une chape de fatigue en même temps qu’une urgence enserrait nos cages thoraciques. À petites goulées d’oxygène, on repousse la sensation oppressante – on a l’habitude. Car il y a tant à faire. Pas seulement nos tâches professionnelles, mais tout ce taf invisible qui comprime nos existences : travail domestique, charge émotionnelle, mais aussi labeur nourricier. Dans ce cas précis, ce sont mes collègues qui s’inquiètent que leur enfant ait bien mangé en leur absence, tirent discrètement leur lait en salle de réunion, font les courses entre treize et quatorze heures, organisent le dîner du soir... quand ce ne sont pas leurs acolytes de besogne qu’elles cajolent d’un déj’ consciencieusement ramené et déployé sur la table commune.
Aucune de ces tâches de care n’a été mise en pause le 8 mars – la grève du soin, par le ventre ou le sein, n’a jamais vraiment lieu. À moins que ce 9 mars...
Elisabeth Debourse, rédactrice en chef
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