« J’étais à Paris vendredi soir, un charmant Français flirtait avec moi et quand je lui ai demandé son nom, il a répondu de manière très française “Ah, tu vas être déçue”, je me suis dit quelle drôle d’idée, puis il a ajouté : “C’est Kevin” et vous savez quoi ? J’étais déçue », écrit sur Twitter une certaine @mollyEatsTofu dans la langue de Kevin Bacon, récoltant au passage plus de 300 000 likes et un retweet de l’un de mes auteurs food favoris, l’ancien journaliste d’Eater Kevin Alexander. Trop pop, trop emprunté, trop donné… Costner ne crevant plus l’écran depuis un bail et Spacey étant cancelled, c’est comme s’il existait désormais un moratoire tacite sur l’attribution du prénom Kevin (comme Jessica ou Jennifer), histoire de ne pas infliger à son enfant ce genre de déception galante. Notez que je n’ai personnellement rien contre les Kevin (ou Kévin comme on l’écrit parfois ici), mais l’histoire m’a fait réaliser que, comme les kids des années 80 et 90, certaines devantures de resto se sont récemment mises à porter les mêmes noms – et pas n’importe lesquels.
Un mot, pas un de plus, un nom commun mais non moins coquin (Giclette, Fripon), bagarreur (Gang, Ramdam) façon Jean-qui-rit-Jean-qui-pleure (Bonhomme, Gargouille), qui connaît ses racines (Ressources, Maison) et n’oublie pas pourquoi il est là (Mâche). En un mot comme en mille, moins on en dit, mieux on se porte – à l’image des menus, passés de la tchatche au slash. À se demander, tout de même, si l’inflation a gagné les devis des poseur·se·s d’enseignes, forçant les restaurateur·rice·s à la concision ou les faisant céder à des plaisirs catchy. Un nom banal qu’on avait voulu original ou excentrique, comme une tactique pour conjurer le mauvais sort d’une époque qui ne sait plus où donner de la bouche et de la CB… Et dire que votre resto préféré aurait pu s’appeler Kevin !
Elisabeth Debourse, rédactrice en chef
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